Il est à noter que la quasi totalité des personnes se posent ce ou ces questions mais les intègrent aussi vite qu'elles sont venues, ne créant pas de compulsions.
Toutefois la personne souffrant de ce trouble, va d'une façon ou d'une autre chercher des moyens de se rassurer (cf article sur les compulsions mentales : ruminations mentales pour chercher à justifier ou non ces pensées) en :
- Se documentant sur divers forums (type doctissimo ou autres forums, à fuir)
- Interrogeant ses amis, sa famille sur les thèmes "comment as tu su que c'était le bon?", "comment tu te sens quand tu es avec lui?", "comment as tu su que tu étais amoureuse?" etc etc
- Se documentant sur internet notamment sur les différents thèmes de l'amour (c'est quoi l'amour? , les papillons, la fin d'un couple etc)
- Fouillant les affaires de son conjoint de façon compulsive (facebook, téléphone, soupçons à maintes reprises, questionnement sur l'emploi du temps)
>> Cela concerne la partie du trouble où le souffrant doute de l'amour de son conjoint et peut parfois rentrer dans une jalousie maladive.
Ce qui fait la différence est le mal être généré par ce trouble et les émotions négatives qui en découlent (angoisse, peur, colère...)
Le souffrant est "attaqué" par ces pensées intrusives tout au long de la journée et va ruminer plusieurs heures par jour.
Il vit dans l'anxiété et dans la peur de "se voiler la face " sur son partenaire.
Cela peut engendrer des crises de larmes importantes quand il en vient à l'idée de quitter son conjoint.
La personne va également se "tester" continuellement pour voir si elle ressent de l'amour, ou une attirance pour son partenaire.
Le souffrant peut alors provoquer des ruptures ce qui n'est pas rare dans ce trouble, puis revenir vers son partenaire une fois "le pic" du trouble passé.
Toutefois il est à rappeler, que l'amour est quelque chose qui "se ressent", quand une personne est bloquée par ses pensées, elle ne peut RIEN ressentir car l'amour ne s'intellectualise pas.
Il faut donc apprendre le lacher prise pour retrouver ses sensations.
Honte et culpabilité : Comprendre et surmonter ces émotions paralysantes
Le TOC du couple (ROCD) s’accompagne souvent de sentiments de honte et de culpabilité, qui peuvent intensifier la souffrance des personnes concernées. Ces émotions ne sont pas seulement une conséquence des obsessions et compulsions, mais elles sont aussi alimentées par des croyances erronées sur l’amour, les relations et la morale.
Ici explore les origines de la honte et de la culpabilité dans le ROCD et propose des pistes pour mieux les gérer.
Pourquoi la honte et la culpabilité sont si présentes dans le TOC du couple ?
Le TOC du couple repose sur des doutes obsessionnels sur la relation et les sentiments amoureux. Ces doutes entraînent souvent des comportements compulsifs visant à rechercher une certitude impossible. La honte et la culpabilité apparaissent pour plusieurs raisons :
- Des pensées considérées comme "inacceptables" : Les personnes atteintes de ROCD s’inquiètent de pensées intrusives sur leur partenaire ("Et si je ne l’aimais pas vraiment ?", "Et si je restais avec lui/elle par habitude ?"). Comme elles perçoivent ces pensées comme une menace pour la relation, elles éprouvent un fort sentiment de culpabilité.
- Un sentiment de "trahison" interne : Beaucoup de personnes avec un TOC du couple pensent que leurs doutes signifient qu’elles manquent d’intégrité. Elles se sentent mal d’avoir ces pensées et se jugent durement.
- Un perfectionnisme relationnel : La croyance selon laquelle "l’amour doit être parfait et sans doute" renforce la culpabilité. À chaque doute ressenti, la personne se sent coupable de ne pas être un(e) partenaire "idéal(e)".
Référence : Doron et al. (2016) ont démontré que les personnes souffrant du ROCD ont souvent des niveaux élevés de culpabilité morale et existentielle, ce qui les pousse à analyser et remettre en question leur engagement relationnel bien plus que la moyenne.
Différence entre culpabilité et honte : pourquoi c’est important
Bien que proches, ces deux émotions ont des implications différentes :
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La culpabilité est liée à un comportement ("J’ai fait quelque chose de mal"). Elle pousse souvent à vouloir réparer ou à s’améliorer.
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La honte, en revanche, touche l’identité même de la personne ("Je suis une mauvaise personne"). Elle enferme dans un cercle vicieux d’auto-dévalorisation et d’isolement.
Dans le ROCD, la honte peut être particulièrement invalidante, car elle donne l’impression que la personne est "fondamentalement incapable d’aimer correctement".
Comment gérer la honte et la culpabilité liées au TOC du couple ?
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Développer l’auto-compassion
Beaucoup de personnes atteintes de ROCD sont très dures avec elles-mêmes. S’entraîner à l’auto-compassion (via la thérapie ACT notamment) aide à mieux vivre avec ces pensées.
Exercice : Imaginez que votre meilleur(e) ami(e) vous confie qu’il/elle a les mêmes doutes que vous. Que lui diriez-vous ? Utilisez ces mots pour vous parler à vous-même.
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Identifier les croyances erronées sur l’amour
Les médias et les films véhiculent des idées fausses sur ce que devrait être une relation idéale. Un travail sur les croyances (par exemple avec un thérapeute spécialisé en TCC) permet de déconstruire ces attentes irréalistes.
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Accepter l’incertitude
La honte et la culpabilité viennent souvent du besoin de contrôler totalement ses pensées et émotions. Or, l’amour n’est jamais exempt de doute. Apprendre à tolérer l’incertitude permet de sortir du piège du perfectionnisme relationnel.
La honte et la culpabilité sont des obstacles majeurs dans le TOC du couple, mais elles peuvent être surmontées en travaillant sur l’auto-compassion, en déconstruisant les croyances erronées et en acceptant l’incertitude. Avec les bonnes approches thérapeutiques (TCC, ACT, exposition avec prévention de la réponse), il est possible de se libérer du poids de ces émotions paralysantes et de retrouver une relation plus sereine.
Références :
Doron, G., Szepsenwol, O., Karp, E., & Gal, N. (2016). Obsessing about love: Impact of relationship-related obsessive-compulsive symptoms on romantic relationships. Journal of Obsessive-Compulsive and Related Disorders, 10, 56-65.
Gillan, C. M., & Robbins, T. W. (2014). Goal-directed learning and obsessive–compulsive disorder: Implications for cognitive behavioral therapy. Biological Psychiatry, 75(8), 631-638.